Changement ou transformation ? De nouveaux équilibres à inventer
Si le changement climatique accélère la dégradation dans de nombreux cas, il ne fait pas que déséquilibrer : il amène aussi le terroir à se transformer, pour le meilleur ou pour le pire selon la gestion adoptée.
1. Matière organique : déclin ou adaptation ?
Des étés plus chauds accélèrent la dégradation de la matière organique, mais aussi sa minéralisation rapide. Depuis 2000, le taux moyen de matière organique des sols agricoles wallons a diminué d’environ 0,15 % (Valbiomag), conséquence d’une moindre restitution de résidus organiques, d’une agriculture souvent orientée vers le rendement et des couverts végétaux pas toujours présents. Cependant, certains vignobles bio et HVE font mentir cette tendance, atteignant des niveaux de matière organique proches de 4 %, grâce à des couverts permanents, du mulching ou la réduction du travail du sol.
2. Résilience des terroirs : diversité, microclimats et parcellisation
Les terroirs les plus résilients sont ceux qui valorisent la diversité végétale et la mosaïque des sols. Il s’avère que les versants argilo-calcaires, où la profondeur du sol est supérieure à 60 cm et la pente inférieure à 15 %, offrent une meilleure résistance à la sécheresse et une moindre vulnérabilité à l’érosion (ULg Sols de Wallonie). Les vignerons qui adaptent leurs pratiques à la microtopographie (choix de cépages moins gourmands en eau, haies brise-vent, zones enherbées temporaires) limitent la casse et maintiennent, voire améliorent, la vitalité du sol.
- Cépages résistants à la sécheresse : Johanniter, Solaris, ou Regent sont désormais privilégiés dans les nouvelles plantations (source : Association des Vignerons de Wallonie, 2022).
- Enherbement stratégique : 75 % des domaines wallons plantés après 2015 utilisent des couverts végétaux permanents sur au moins un rang sur deux.
En 2021, alors que la vallée mosane subissait des inondations historiques, le domaine des Agaises, pionnier en matière de biodiversité fonctionnelle, a vu la quasi-totalité de ses parcelles échapper au ravinement grâce à l’enherbement diversifié en trèfles et fétuque.