Perspectives : le prix, miroir d’un choix de société
À quoi rêve la filière wallonne ?
Au fond, la question du prix n’est pas que celle du commerce : elle touche à l’identité même de la filière. Faut-il viser une “démocratisation” rapide au risque d’industrialiser la production, ou assumer une montée en gamme qui mise sur l’exclusivité, la durabilité et l’ancrage local ?
- En France, la montée spectaculaire des prix en Bourgogne a transformé le vignoble, le rendant quasi inaccessible au grand public, mais créant un écosystème dynamique d’enchères, d’œnotourisme haut de gamme, et d’innovation qualitative.
- En Suisse, la rareté et la qualité reconnue des vins valaisans justifient un tarif élevé, tout en maintenant un marché local fidèle grâce à une forte identité régionale (source : Statistique Viticole Suisse, 2023).
- Le Luxembourg a su faire le pari de cépages “signature” (Riesling, Auxerrois) accessibles mais valorisés, séduisant au-delà du marché des frontaliers.
La Wallonie est encore à la croisée des chemins : en 2023, environ 1,2 million de bouteilles wallonnes ont été produites (source : APAQ-W), soit 0,1 % de la production française, mais les marges de progression sont énormes, tant qualitativement que quantitativement.
Valoriser le juste prix, pas la surenchère
Plus que jamais, le “prix wallon” cristallise un certain choix de société. Les vignerons locaux investissent dans l’humain, la biodiversité, l’économie circulaire, et l’authenticité. Le prix de vente, bien qu’élevé pour certains, reste le reflet de ces engagements – à condition d’être transparent et pédagogique envers le consommateur final.
Des initiatives comme les circuits courts (Réseau Solidairement Vigneron), les offres d’œnotourisme immersif, ou l’implication dans des démarches éducatives pourraient contribuer à inclure de nouveaux publics, sans renier la qualité.